Mme Pascale Lamoine à la parole ce mois-ci dans notre rubrique « 1 intervenant : 2 questions » de la newsletter de janvier du PRDSL 47. Une rubrique qui met en lumière le point de vue des intervenant.e.s du territoire.
Mme Lamoine est chargée de mission attractivité des métiers de l’autonomie au sein de la Direction Générale Adjointe du Développement Social au Conseil Départemental 47. Elle est issue du secteur de l’enseignement agricole. Elle est titulaire d’un master 2 politique territoriale de développement durable. Au cours de son parcours, elle a eu l’occasion de réaliser des stages au sein de la Protection Maternelle Infantile et de participer à l’évaluation de programme d’éducation à la santé et de l’accès à la santé des populations en situation de précarité.
Extrait de sa rencontre avec le Pôle Ressource en Développement social Local 47 dans les locaux de l’ADES à Marmande le 10/12/2024.
Pouvez-vous nous présenter la nature de votre mission sur le département ?
« Je suis arrivée le 1er août 2024 sur ce poste qui vient de se créer au sein du Conseil Départemental. C’est une création qui découle de préconisations issues du schéma départemental pour les personnes âgées et les personnes en situation de handicap 2023-2027. C’est une feuille de route avec un axe fort qui porte sur le renforcement de l’attractivité des métiers de l’autonomie et la facilitation de recrutement des personnels. Travailler cet axe est une de nos priorités. En amont de la rédaction du schéma départemental, il y a un groupe de travail qui a pu élaborer des préconisations et les constats sont clairs et partagés au niveau du Département et au-delà : nous assistons à une pénurie de personnel, des difficultés en matière de recrutement et de fidélisation des personnels. Particulièrement dans le secteur des EHPAD, de l’aide à domicile et du handicap. À l’échelle du département, nous avons établi la nécessité d’y voir plus clair. En réponse en cela, je suis en charge de faire un diagnostic de territoire en lien avec ces questions. Le rendu est prévu pour juin 2025. En parallèle, je m’inscris sur des actions qui sont déjà en cours en lien avec l’attractivité des métiers et participe aux comités de pilotage. C’est aussi un train que je prends en marche avec tous un tas d’acteurs qui travaillent déjà sur ces questions : Solid’Rh, le GCSMS… etc. »
À ce stade, quels sont vos tout premiers constats ?
« Il y a quand même dans ces métiers de l’humain ou du lien le sentiment d’une profonde utilité. Quand je termine ma journée, j’ai apporté un soutien. Il y a beaucoup d’usure (une pénibilité physique, émotionnelle, de la charge mentale). Qu’est-ce qui fait que l'on tient ? Si la seule raison qui fait que l’on tient, c’est parce qu’on n’a pas le choix, ce n’est pas tenable. Ce sujet, il est très prégnant dans les métiers de l’aide à domicile (chez les auxiliaires de vie, responsables de secteur, etc.). Ce sentiment d’usure, il est pris en étaux entre d’un côté, les attendus de l’usager, les attentes des salariés et de l’autre, les contraintes de planning. D’où l’importance de la formation continue, d’être en réflexion sur ses pratiques afin d’avoir des espaces de respiration !
Il y a une situation de pénurie, mais il faut la quantifier. Je m’attache donc à réaliser des questionnaires et à couvrir tout le territoire et tous les secteurs. Comment je m’y prends ? Dans tel établissement, il vous manque combien de professionnels ? Et il vous manque quel métier ? Vous êtes confrontés à quelles difficultés ? Quelle est l’offre de formation ? On a aussi du mal à capter les jeunes, ces filières n’attirent plus. Pour remédier à cela et attirer des jeunes, il va falloir faire des ponts. Si nous travaillons chacun dans notre coin, on n’y arrivera pas. Il faut que l’on ait des approches transversales.
Une des pistes qui me semble intéressante, c’est celle des parcours de mobilité pour les professionnels. La mobilité, c’est n’est pas que du vertical. Concernant la question de l’attractivité, comment permet-on les pas de côté ? Qu’on fait les autres secteurs qui sont en tension ? Il en va de la survie du secteur à se poser ces questions. Elle est extrêmement riche cette période. La pénurie oui, on en fait le constat, mais il faut la quantifier et aller voir du côté des jeunes aussi du côté des personnes qui ont quitté le métier.
La phase d’entretien s’achèvera au mois d’avril. À partir de cette étape, on pourra commencer à analyser nos données et rentrer plus finement dans la compréhension de ces situations afin de construire des réponses adaptées en face.
Ce qui est sûr, c’est qu’il va falloir faire bouger les représentations et avoir des logiques de parcours de formation en conséquence ».
Le + à retenir : le Schéma Départemental du CD47 comporte une fiche action qui a permis de répondre à un Appel à Manifestation d’Intérêt de la CNSA dont l’axe 4 porte sur l’attractivité des métiers de l’autonomie.
![Pascale Lamoine](https://static.wixstatic.com/media/2d3267_58124a686a11415c9035b30c603cc354~mv2.png/v1/fill/w_215,h_288,al_c,q_85,enc_auto/2d3267_58124a686a11415c9035b30c603cc354~mv2.png)
Comments