avec avec Manuel Roux, MCF en Sciences de l'éducation - Université de Bordeaux

L’étude des contre-cultures musicales met en lumière l’existence d’une jeunesse aux trajectoires sociales entrecoupées de périodes de chômage et/ou par la prolongation de la période d’études, reportant l’intégration à un marché de l’emploi aux conditions dégradées. Face à cet horizon, les « carrières DIY » sont une manifestation radicale d’un phénomène social de grande ampleur, celle de la construction d'« identités incertaines et individualistes ». Ces modes de socialisation singuliers sont partagés par la nécessité de faire face aux contraintes complexes et normalisées du marché du travail en crise, tout en conservant un espace de vie destiné à l’expérience de passions créatives et artistiques, et plus globalement au développement de ce que l’on pourrait appeler une « production de soi », capable de faire face à de multiples mises en vulnérabilité. 

Ceci interroge le rapport des jeunes à l’emploi qui « choisissent activement la pauvreté », qui prennent sciemment et stratégiquement la décision de poursuivre durablement des modes de vie en marge, leur permettant des activités dans lesquelles ils investissent pleinement leur subjectivité. Les carrières DIY et plus globalement les identités artistiques peuvent alors se comprendre par la manière dont elles échappent aux classifications et à la standardisation des représentations, forçant à remettre en question les oppositions classiques entre travailleurs/bénévoles, précarité/richesse, emploi/sans emploi sur lesquelles reposent pourtant nos politiques sociales, économiques et éducatives, etc. 

Alors que les institutions qui régissent le cadre de l’emploi circonscrivent le travail dans des catégories peu ajustées à ces diverses modalités de réalisation, l’étude des marges en crise et des crises productrices de marginalité, devient un prisme fondamental pour comprendre et analyser ces grandes transformations sociales à l’œuvre, et soulève des enjeux propres aux sciences de l’éducation. Il s’agit bien du problème de la reconnaissance institutionnelle des nouvelles pratiques culturelles en voie de professionnalisation et de la construction des conditions de reproduction de ce qu’on l’on pourrait appeler un « saoir-faire de l’incertitude ». 

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Dans le cadre de sa collaboration avec l’Université de Bordeaux, l’ADES propose un nouveau programme pour le séminaire TRAMES.

L'objectif principal est de créer un environnement propice à la diffusion et à la discussion de travaux récents menés par des chercheurs sur les enjeux contemporains du travail social, ses publics, ses acteurs, ses institutions et ses politiques.

Ce séminaire s’inscrit dans le cursus de formation des filières Éducateurs Spécialisés et Éducateurs de Jeunes Enfants de l’ADES.

Les séances sont ouvertes aux étudiants, formateurs, chercheurs et professionnels du social et du médico-social.

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